10 règles pour ne pas saboter ses répétitions et bien exploiter le potentiel de son groupe

 

T'es-tu déjà senti frustré(e) par les répétitions avec ton groupe ?

Les chanteurs et les musiciens me posent souvent des questions sur les répétitions. Parfois ils cherchent comment donner un nouveau souffle à leur projet, mais beaucoup se demandent aussi comment éviter les frustrations récurrentes : il n’est pas toujours évident de concilier les personnalités de chacun !

Nous faisons tous, à un moment ou un autre, les mêmes erreurs, même si elles semblent évidentes. Certains comportements sont tellement pénibles qu’ils engendrent des tensions et peuvent même parfois conduire le groupe à se séparer.

J’ai sélectionné ici une liste de 10 points qui pénalisent l’efficacité des groupes en répétition, et donc la réussite de leur projet musical.

Penses-tu que toi ou tes co-musiciens, vous pouvez améliorer certains points ?

Prenez le temps d'en discuter au sein du groupe ; aborder franchement le sujet avant que les tensions ne surviennent permet à chacun de s'exprimer avec franchise, de trouver des solutions, et de vérifier qu'on a bien tous le même objectif.

NB : cet article contient des morceaux d'humour à 2 balles totalement assumés par la rédactrice.

  

Règle n°1 : respecte le temps des autres 

Une fois en retard ou absent, ça peut arriver ; une fois sur deux, tu abuses. Cela énerve ceux qui sont à l’heure, gaspille de l’argent si vous louez un local et fait perdre en efficacité. C’est de l’énergie qui n’est pas investie dans vos projets, et ça pourrit l’ambiance. Les autres aussi ont des contraintes et des problèmes, mais eux sont présents et à l’heure ; organise-toi, ou va faire un projet solo !

Quand tu arrives, gagne du temps en installant de suite ton matériel, en accordant ton instrument (avec un accordeur, pas avec un pifomètre) et échauffe-toi : c'est le meilleur moyen d'être efficace dès le premier morceau. Si tu es chanteur / chanteuse, c'est le moment d'apprendre à brancher des câbles ou allumer une sono dans le bon ordre ; ça gagne du temps, c'est utile, et ça montre que tu n'as pas peur de mettre les mains dans le matériel.

 

Règle n°2 : ne confonds pas la répétition avec un moment d’apprentissage personnel

La structure de cette composition, ou la ligne mélodique de ce solo, sont à mémoriser et travailler chez toi avant la répétition. La répétition sert à travailler la cohérence d’ensemble de ton groupe, ce qui ne peut pas être travaillé séparément. Si tu ne connais pas bien ta partie, encore une fois tu énerves ceux qui ont fait le boulot, et tu leur fais perdre leur temps.

Quand une modification est décidée pendant une répétition, tu la notes, et tu la mémorises ; ça doit filer à la répétition suivante. Enregistre la répétition pour réécouter, vérifier si tu as un doute sur une structure ou mémoriser une impro que vous avez décidé d'intégrer dans un morceau.

 

Règle n°3 : arrête de la jouer puriste, cherche les forces de ton groupe 

Même s’il peut y avoir une personne en particulier responsable du choix des morceaux ou des compos, le choix des tonalités doit tenir compte de la tessiture du chanteur, les solos doivent prendre en compte la capacité du soliste, les tempos doivent tenir compte du rendu d’ensemble, etc. L’objectif est un équilibre entre les ambitions et les capacités de tous pour valoriser le groupe. Et puis changer une tonalité, cela peut aussi être l’occasion de faire une adaptation plutôt qu’une simple reprise.

 

Règle n°4 : rappelle-toi qu’un groupe est un ensemble interactif

Ça signifie que tu écoutes les autres musiciens, que tu les regardes, et que tu interagis avec eux pendant les morceaux, en particulier aux moments clés : début et fin du morceau, du solo, changement de tempo, etc. Si le batteur te dévisage, ce n’est pas parce qu'il t'admire : c’est parce qu’il attend désespérément que tu arrêtes de parler matos avec ton voisin pour lancer le morceau suivant, ou parce que ton solo est beaucoup trop long et qu’il t’attend pour placer un break.

 

Règle n°5 : non, sérieusement, arrête la gué-guerre du volume 

Si tu veux devenir sourd, c’est ton problème, mais un volume excessif gêne aussi les autres et pénalise la précision du groupe. Si tu es batteur, apprends à jouer franc tout en modérant ta frappe quand nécessaire, bourrez la grosse caisse, utilisez une batterie électronique dans votre petit local, etc. Si tu es bassiste, ne monte pas le volume de ton ampli après la balance - je t'ai vu, coquin ! Si tu es guitariste, oriente ton ampli vers tes oreilles en le mettant sur un support incliné ou en hauteur sur une table, tu verras que le son est bien assez fort (et puis le "son des lampes", c'est bien gentil, mais ça ne suffit pas à faire sonner un groupe). Avec tout ça, le chanteur s'entendra mieux et donc chantera mieux.

Le volume est aussi lié à l'équilibre du son général : si des fréquences se masquent, on est tenté de jouer plus fort. Apprendre à égaliser son instrument et le son des enceintes est un atout précieux pour le confort, mais aussi pour créer l'identité sonore du groupe.

 

Règle n°6 : fixez des objectifs à vos répétitions


Combien de groupes travaillent la même douzaine de morceaux en boucle pendant des mois sans avancer ? Chaque répétition doit avoir un objectif (ex : tester un nouveau morceau ensemble, tester un tempo à 80 au lieu de 75, mettre plus de feeling maintenant qu’on le connait par cœur…), et chaque fin de répétition aussi (ex : on apprend la structure modifiée pour la prochaine fois, on se prépare pour un filage, etc.).

Quand on évite de structurer sa répétition « pour ne pas se prendre la tête », le plus souvent on finit par user son énergie au contraire, parce qu’on tourne en rond et qu’on ne progresse pas. Avoir une deadline est aussi un bon moyen d'être plus investi dans les répétitions : enregistrer un morceau à telle date, jouer à tel concert même si on ne se sent pas vraiment prêt, etc.

 

Règle n°7 : ça peut sembler incroyable, mais les textes des chansons ont un sens 

 

Un groupe présente normalement un univers cohérent. Le texte des chansons et la structuration musicale orientent le jeu et l’expression de tous les musiciens, car vous êtes censés tous raconter la même histoire. Quand tu as l’air hilare alors que ton chanteur parle de souffrance, ça ne te rend pas cool, ça montre juste que tu ne respectes pas la musique que tu joues. Regarde I shot the Sheriff en live, tu trouves que Bob Marley a l’air de se marrer quand il parle de racisme et de meurtre ?

 

Règle n°8 : travaille ta présence scénique

Les restaurants gastronomiques soignent le goût et le visuel des assiettes, les meilleurs groupes soignent le son et le visuel sur scène. Si en live tu es aussi expressif qu’un câble XLR, à l’origine ce n’est pas ta faute, mais si tu ne le travailles pas, ça le devient.

Certains refusent de le faire par flemme de changer leurs habitudes, ou par peur d’interagir frontalement avec le public. Exemple classique : les musiciens restent planqués dans leur coin et passent le concert à mater leur instrument pendant que le chanteur gère toutes les interactions ; ou à l'inverse : un instrumentiste se déchaine pendant que le chanteur s'accroche à son pied de micro comme à une bouée de sauvetage et ferme les yeux dès qu'il ouvre la bouche.

La présence scénique se définit sur l'ensemble du groupe. Laisser une seule personne l'assumer parce qu'elle est spontanément plus à l'aise est un mauvais calcul qui fait perdre énormément d’impact.


Règle n°9 : répétez en conditions de live

En général les groupes répètent en rond, ce qui est pratique pour se voir, mais en concert tous les musiciens sont face au public. Il est important de pratiquer de temps à autre en configuration live, d’une part pour s’habituer à cette disposition et se repérer davantage à l'oreille, mais aussi pour préparer l’interaction au sein du groupe et avec le public au cours de la set list (cf point 7 et 8).

L'outil idéal pour cela : une caméra pour se filmer en temps réel et analyser ensuite à tête reposée - oui, sur le coup ça fait mal de se regarder, et c'est justement parce que ça fait mal qu'il faut y bosser !

Ceux qui ne travaillent pas leur prestation en format live pour « rester spontané » ont, au mieux, des concerts de qualité aléatoire sans savoir pourquoi, et au pire des concerts mal calés et visuellement ennuyeux. Le public s’intéresse beaucoup moins à votre aptitude technique qu’à votre capacité à jouer... avec lui !

 

 

Règle n°10 : tu as une responsabilité vis-à-vis du public
  

Jouer en public est un privilège : des gens donnent de leur temps (et parfois de leur argent) pour vous voir et vous écouter. Autant il est essentiel de vous faire plaisir sur scène, autant il y a également une contrepartie : tout faire pour donner du plaisir au public. Travaillez en répétition pour donner le meilleur de votre groupe.

Le public est souvent généreux : il sera content si vous faites un concert sympa, et pas rancunier si vous vous plantez - ça arrive même aux meilleurs, pour un tas de raisons. Mais secrètement, il espère que vous allez lui donner un moment plein d’émotions dont il se souviendra. C’est votre responsabilité de tout tenter pour y arriver, et ce n’est pas le hasard qui vous y mènera, mais un travail complet et précis, et la construction d'une énergie positive au sein de votre groupe. 

 


 

10 règles pour ne pas saboter ses répétitions et bien exploiter le potentiel de son groupe
Diane Douet 5 septembre 2021
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