Simplifier le travail d'une chanson : comment se rendre la vie plus facile ?

 

À certains moments de notre vie de chanteur, on a envie de gros challenges, d'objectifs super ambitieux. On travaille des chansons complexes, on recherche la nuance idéale, on se concentre sur la pureté des voyelles, on flirte avec les extrêmes vocaux.

Et puis à d'autres moments, on a envie de choses simples qui demandent moins d'énergie et créent un minimum de frustration.

Ceci dit, même en voulant se la jouer à l'aise, on se retrouve parfois face à une difficulté imprévue. Une chanson peut sembler simple à l'écoute mais se révéler compliquée quand on la chante

C'est normal !

D'une part c'est le job du chanteur pro de faire en sorte que ça ait toujours l'air facile, d'autre part votre voix peut être très différente de celle du chanteur.

 

Comment limiter le challenge pour la voix tout en avançant, comment faire quelque chose de chouette avec plus de légèreté ?

Retour sur quelques principes basiques, applicables en solo ou en groupe, et que les chanteurs oublient parfois.

  

1) Le choix de la chanson, on s'en fout !

 

Le simple choix de la chanson bloque parfois les chanteurs. Entre le style, le texte, ce qu'elle nous évoque, la manière dont elle sonne... « je ne sais pas quoi choisir ! » (peut-être un corollaire du « je n'ai rien à me mettre » devant la penderie bondée ?)

Si vous faites partie des chanteurs qui n'arrivent pas à se décider, je vous la fais courte, vous pouvez :

1) demander à votre prof de choisir une chanson pour vous, et en profiter pour travailler quelque chose qui sort de vos habitudes ; cela peut vous faire une bouffée d'oxygène, et augmenter votre capacité musicale.

2) choisir une chanson au pif, pourvu que vous la trouviez sympa. Et voilà. Vous ne jouez pas votre vie dans le choix de votre chanson !

 

Évidemment, si vous prenez du Céline Dion dans ses grands jours, il faut vous attendre à du lourd... vous pouvez par exemple axer sur une chanson à énergie vocale modérée, ou sur une chanson qui utilise le parlando

Vous aurez toujours quelque chose à apprendre, il y a toujours un aspect particulier, même sur une chanson toute simple, qui peut la rendre intéressante à travailler.

 

Parfois je conseille à mes élèves d'ouvrir leur répertoire ou leur site de streaming favori au hasard et de sélectionner la chanson qui apparaît à l'ouverture. Point final !

Et si ce n'est pas du Céline Dion, mais que la chanson se révèle tout de même très difficile ?

Vous pouvez très bien ne travailler qu'une partie de la chanson, celle qui est dans vos cordes (notez le jeu de mot subtil), ou modifier la chanson ; je vous l'explique aux points suivants.

Un outil de sélection à la pointe du progrès : « trou pique nique douille... »

 

2) La tonalité qui change tout

Parfois les chanteurs acceptent mal de modifier la tonalité d'une chanson. Ils ont l'impression d'avouer une faiblesse vocale !

Mais si votre tessiture ou votre capacité vocale actuelle sont très différentes de celles du chanteur d'origine, c'est juste du bon sens. Idem si vous êtes en période de grosse fatigue !

Évidemment, c'est d'autant plus vrai si vous êtes une femme qui prend une chanson prévue pour un homme, et vice versa.

Pourquoi donc se prendre la tête sur ce point, surtout si vous êtes en mode « challenge minimum » ? Il sera toujours temps de reprendre la tonalité d'origine quand vous repasserez en mode challenge, et si votre tessiture s'y prête.

 

Modifier une tonalité, cela peut signifier la baisser par exemple si votre timbre est trop léger dans les aigus. Mais cela peut aussi signifier la monter si vous êtes trop lourd. Tout dépend de la nature de votre problème.

Testez différentes options et demandez conseil à votre prof pour faire le choix le plus adéquat.

 

À noter : si vous modifiez beaucoup la tonalité, l'ambiance sera différente, et vous aurez certainement une adaptation à faire sur l'interprétation ; cela peut être un exercice créatif très intéressant.

Autre avantage de faire ce travail : c'est aussi un bon moyen d'optimiser votre répertoire et le temps de travail pour votre groupe.

En effet, mieux vaut choisir dès le départ une tonalité qui fonctionne pour tous les musiciens, plutôt que de se rendre compte après 1 mois de travail que le chanteur se tue la voix à chaque répétition : cela peut être compliqué pour un musicien peu expérimenté de devoir s'adapter à une autre tonalité, et pour un musicien très expérimenté, cela peut être vécu comme une perte de temps. 

Vu d'en bas, ça semblait pas si haut !

  

3) Pas trop vite le matin, et doucement le soir

Certaines chansons cumulent les difficultés : intense et lente avec beaucoup de notes tenues, ou encore intense et très rapide avec beaucoup de texte et peu de temps pour respirer.

Pour peu que la chanson ne soit pas dans votre langue native, une articulation hésitante peut encore compliquer la tâche.

Dans tous les cas, le facteur limitant sera votre endurance, et elle ne se construit pas juste avec de la volonté. Il faut du temps pour être capable de courir un marathon !

 

Modifier un peu le tempo de votre chanson (accélérer ou ralentir, selon le type de difficulté) peut largement vous faciliter la tâche et enlever une bonne partie de la crispation.

Nombre d'outils permettent de modifier tonalité et tempo de vos instrumentaux, y compris des logiciels gratuits (Audacity, Garage band...)

Idem, testez différents tempos et demandez conseil à votre prof.

Vous pouvez aussi chercher sur internet des instrumentaux qui ont modifié le style, la tonalité et le tempo (ex : version acoustique plutôt que version hard rock, version pour homme plutôt que version pour femme, etc).

 

Si vous jouez avec des musiciens en concert, c'est le moment d'être vigilant...

Une chanson déjà ultra rapide et chargée en texte peut devenir un enfer pour le chanteur si le batteur tout excité par l'adrénaline du live se transforme en Speedy Gonzalez sous caféine. Fixez des tempos et utilisez le clic !


"Je suis cap' de chanter plus vite que le batteur, je suis cap' de chanter plus vite que le batteur..."

 

4) La note qui tue

Parfois 99% de la chanson fonctionne bien, mais il reste un petit passage, voire une seule note, qui ne veut pas passer.

Vous avez tout testé : son temporaire, substitution de voyelle, gamme préalable, rien de ne marche !

 Dans ce cas, si la prise de tête pointe son nez, vous pouvez :

- chanter cette partie avec un timbre différent de l'original (ex : une voix de tête à la place d'une voix mixte à prédominance de poitrine).

Cela peut changer l'ambiance, mais offrir un compromis satisfaisant si vous adaptez l'interprétation aussi.

- changer la mélodie sur cette partie (ex : si certaines notes sont vraiment trop graves pour votre voix, utilisez des notes plus aiguës).

Modifier la mélodie vous fait faire un petit travail d'harmonie au passage, et peut-être trouverez-vous une variation aussi intéressante que l'original.

Il est parfois préférable de changer la mélodie que de changer d'octave : un si grand intervalle risque de modifier la fluidité de la mélodie, et parfois le résultat harmonique n'est pas très heureux.

 

Certains chanteurs rechignent parfois à ces modifications – souvent les mêmes qui rechignent à changer la tonalité.

Laissez l'ego de côté, changez la mélodie ou le timbre. Soit la manière originale n'est pas pour votre voix de toute façon, soit vous serez capable de la chanter quand votre technique aura bien progressé.

Simple et sans prise de tête, on a dit !


Autre option : vous laissez le nouveau choriste gérer le passage difficile  et vous allez boire un coup pendant ce temps.

 

5) Par cœur, c'est pas optionnel

Comme je l'ai dit plus haut, les hésitations sont souvent fatales pour l'équilibre vocal.

On ne peut pas chanter avec facilité si on ne connait pas la chanson par cœur : votre cerveau ne peut pas anticiper ce qui va se passer et envoyer les commandes à temps à vos muscles vocaux. Encore plus si vous jouez un autre instrument en même temps que vous chantez !

Qui plus est, si vous ne connaissez pas votre texte ou votre structure par cœur, vous serez concentré sur la lecture de votre texte ou le déchiffrage de vos notes, et non pas sur votre interprétation.

Autant dire que votre chant sera haché ou plat, pas très efficace, et donc que le plaisir résultant sera très modéré...

 

Si apprendre un texte vous demande beaucoup d'effort, vous pouvez choisir une chanson avec peu de texte, et dans votre langue native.

Vous pouvez utiliser des moyens mnémotechniques, ou apprendre un bout par semaine, et à la fin du mois, vous la connaitrez en entier.

Pensez bien sûr à utiliser l'histoire de la chanson pour la mémoriser. Un chanteur ne débite pas des syllabes, il raconte une histoire.

 

Dernier point : je vois souvent des chanteurs qui prennent leurs paroles sur internet sur leur téléphone pendant le cours, et ne savent plus ce qu'ils doivent faire au moment de chanter (ex : telle modification de voyelle ici, telle intention là).

Tant que tout n'est pas automatisé, si vous partez dans le flou, il y a des chances que vous soyez déçus du résultat.

Je vous propose encore un outil à la point de la technologie : crayon + papier !

Prenez l'habitude d'imprimer vos paroles et de noter ce que vous avez à faire pour chaque partie. Cela vous aidera à mémoriser, à anticiper, et à faire bien dès le premier coup. Cela économise beaucoup d'énergie.

Autre bénéfice : si vous revenez à la chanson quelque temps plus tard, vous aurez juste à jeter un coup d'œil à vos notes pour savoir exactement ce que vous devez faire.

Simple, mais efficace !


C'est l'histoire d'un chanteur peinard qui choisit une chanson facile et pas trop longue à propos de la sieste...

 


 

Simplifier le travail d'une chanson : comment se rendre la vie plus facile ?
Diane Douet 31 mai 2021
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