Travail vocal : 4 choses à ne pas faire en cas de "couac" !


Vous êtes en train de pratiquer une gamme ou une chanson, et tout à coup, la voix déraille, ou le timbre change, la note est fausse, le son s'étrangle, voire tout cela en même temps, bref : c'est le "couac" !

Comment réagissez-vous lorsque cela se produit ?

Voici quelques exemples de réactions que je vois tous les jours dans mon studio, mais qui ne sont pas bénéfiques, autrement dit : 4 choses à NE PAS faire quand vous commettez une erreur au cours de votre travail de la voix.

 

1) NE PAS : marquer l'erreur (froncer les sourcils, râler, commenter, faire un geste de dépit, casser le service en porcelaine de grand-maman...)

Quand tu ne réussis pas à chanter comme tu veux ... 
 

POURQUOI ?

En marquant l'évènement, vous enfoncez le clou de l'erreur, vous perdez du temps à vous reprocher de l'avoir fait au lieu de vous concentrer sur votre objectif, et vous laissez votre ego et votre jugement vous diriger (« c'est horrible », « je me suis encore loupé », « je suis nul » etc).

Encore pire, vous risquez de prendre l'habitude de marquer vos erreurs aussi quand vous êtes sur scène !

 À FAIRE :

Deux options selon la manière avec laquelle vous êtes en train de travailler :

    • soit vous vous arrêtez immédiatement pour reprendre en faisant mieux - et pour cela, il faut avoir un objectif clair en en tête, voir le point 3
    • soit vous continuez sans vous arrêter et vous essayer de vous rattraper, auquel cas, restez dans l'instant présent, concentré sur ce que vous faites ; vous reviendrez sur l'erreur plus tard, à la fin de l'exercice ou de la chanson. Cette procédure est essentielle à travailler pour apprendre à vous rattraper en concert, donc ne la négligez pas.

  

2) NE PAS : vous excuser (même quand vous êtes en cours avec votre prof).

Quand tu miaules de travers

 

POURQUOI ?

Certains élèves ont le réflexe de dire « pardon » ou « désolé » quand la voix ne réagit pas comme prévu. Peut-être s'imaginent-ils que le prof va croire qu'ils ne font pas leur maximum, cela peut aussi être un simple réflexe pour "prévenir" que l'on va recommencer ; mais parfois, cela souligne le fait que l'élève considère plus ou moins consciemment avoir fait quelque chose de MAL. La preuve en est que l'on dit rarement "pardon" à soi-même lorsqu'on fait un couac seul chez soi...

Faire des erreurs n'est pas mal, faire des erreurs est NORmal !

Les erreurs vous donnent, à vous et votre professeur, les informations nécessaires pour comprendre ce qui cloche dans la voix, ce sont donc des alliées précieuses pour progresser.

À FAIRE :

Rien, restez concentré sur ce que vous êtes en train de faire. Comme pour le point précédent, si vous êtes en cours de chant :

  • soit le professeur considère que l'erreur mérite que vous vous arrêtiez et il va vous le dire tout de suite pour vous aider à faire mieux ;
  • soit il considère qu'il n'est pas utile de vous interrompre pour le moment et que vous pourrez en discuter à la fin de l'exercice ou de la chanson, donc continuez jusqu'au bout.

 

3) NE PAS : reprendre immédiatement le même passage au pif, ou reprendre vingt fois de suite de la même manière.

Le truffomètre, un outil aux résultats aléatoires en chant


POURQUOI ?

Le pifomètre est un outil qui fonctionne en général de manière aléatoire, et donc de manière non répétable (« Tiens ça a bien marché là ! Comment m'y suis-je pris ? Je n'en ai aucune idée... ») ; autrement dit, vous n'augmentez pas votre maîtrise du geste vocal. 

Je vois parfois certains élèves reprendre d'eux-mêmes plusieurs fois à la suite les mêmes notes qui ne marchent pas, comme s'ils se dépêchaient en espérant réussir plus vite. La stratégie est rarement payante, car dans ce cas ils ont rarement conscience de la manière dont ils s'y prennent.

Par ailleurs, une procédure qui vous a mené à l'échec 10 fois a de grandes chances de vous y mener à nouveau à la 11ème. C'est évident... mais parfois on ne peut pas s'empêcher de réessayer quand même !

À FAIRE :

Sachez faire une pause de quelques secondes. Tant qu'à faire de vous être interrompu, autant choisir une bonne manière de redémarrer.

Commencez par vérifier que vous n'êtes pas crispé, faites quelques mouvements pour vous assouplir, respirez calmement.

Ensuite, s'il s'agit d'un exercice ou d'une chanson vus en cours, remettez-vous en tête la consigne donnée et vérifiez que vous l'appliquez correctement.

Par exemple, si vous êtes censés appliquer un son temporaire, mais que vous vous concentrez uniquement sur la note la plus difficile, il est probable que vous perdez le son temporaire en cours de route, que votre geste vocal devient moins efficace, et que vous ne réussissez donc pas à atteindre cette note.

Si vous expérimentez seul quelque chose qui n'a pas encore été travaillé en cours, et que votre approche ne fonctionne pas au bout de quelques tentatives, il est inutile de vous acharner : tentez une autre approche. Utilisez les outils répertoriés en cours qui fonctionnent pour votre voix (tendance vocale, son temporaire, analyse de voyelle, etc) afin d'avoir une stratégie claire et donc un résultat répétable

Parfois faire tout l'inverse de ce que l'on croyait pertinent donne de bons résultats !  

Notez aussi que si vous êtes malade, ou si votre voix a changé pour diverses raisons (puberté, grossesse, ménopause / andropause, traitement ayant une influence sur la voix, fatigue importante, manque de pratique sur une période donnée...), elle peut être plus fragile, réagir moins vite ou moins bien, et demander un ajustement de votre stratégie.


En bref : expérimentez, ne restez pas enfermé dans un mode de pratique unique si vous bloquez. Analysez à chaque fois ce que vous faites afin de pouvoir le répéter quand cela fonctionne.

L'idéal est de vous enregistrer pour pouvoir réécouter avec du recul : on croit souvent faire le son d'une certaine manière, et on découvre avec étonnement sur l'enregistrement que ce n'est pas le cas. 

Si malgré votre application ou vos différents essais cela ne marche toujours pas, sollicitez votre professeur à votre prochain cours ; faites-lui écouter votre enregistrement afin qu'il vous explique ce qui ne fonctionne pas.

 

4) NE PAS : déclarer dès les premiers échecs que cet exercice ou cette chanson n'est pas fait(e) pour vous.

 


POURQUOI ?

Vous renforcez votre croyance sur le fait que vous ne pouvez pas y arriver, et vous dissociez votre réussite de votre travail : en gros, vous prenez comme excuse le fait que l'exercice est trop dur dans l'absolu, au lieu de considérer que vous n'avez probablement pas fourni le travail suffisant pour y arriver !

À FAIRE :

Le plus souvent, un chanteur qui baisse les bras dès les premières difficultés est un chanteur qui veut aller trop vite... et donc un chanteur qui n'ira pas très loin. Il faut s'y faire : dans tous les apprentissages, la maîtrise naît d'une succession de petits progrès lents.

Si l'exercice / la chanson a été travaillé en cours avec le professeur, celui-ci a dû vous donner les indications sur les objectifs et les parties à travailler, donc vérifiez que vous respectez bien la progression qu'il vous a donnée, et que vous ne cherchez pas à aller trop vite. Encore une fois, l'enregistrement est un outil précieux.

Comme pour le point précédent, si vous testez de vous-même un exercice ou une chanson qui n'a pas encore été travaillé en cours, prenez le temps d'analyser la situation, et essayez d'aborder de différentes manières la partie qui pose problème, en reprenant les méthodes efficaces pour votre voix. Si vous ne pouvez pas résoudre le problème, posez la question à votre professeur au cours suivant. 

 

EN CONCLUSION : 

Tous ces réflexes soulignent en général un conflit intérieur vis-à-vis de l'erreur ; autrement dit, ce n'est pas la voix qui bloque, c'est le mental.  

Vous l'ai-je déjà dit ? Les erreurs sont indispensables à l'apprentissage. On le comprend intellectuellement, mais selon les tempéraments, il faut parfois beaucoup de temps pour véritablement l'accepter.

Apprenez à mettre de côté votre ego et votre perfectionnisme et oubliez les éventuelles remarques pénibles qu'on a pu vous faire par le passé quand vous vous trompiez. Vous travaillez votre voix pour découvrir de nouveaux horizons, pas pour vous fouetter à chaque note un peu de travers.

Les erreurs sont une source d'information précieuse, alors prenez-les avec bonne humeur, analysez-les méthodiquement, et vous allez progresser !

 

Vous voulez connaître la différence entre un maître et un débutant ? Le maître a échoué bien plus de fois que le débutant n'a même essayé. 

  


 

Travail vocal : 4 choses à ne pas faire en cas de "couac" !
Diane Douet 31 août 2019
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